L’an dernier, les campements étudiants en solidarité avec la Palestine ont étalé au grand jour la nature insensible des administrations universitaires à travers le pays. Malgré qu’on ait mis en lumière leurs investissements dans la machine de guerre israélienne, elles sont restées dans le camp génocidaire. Face à la revendication d’investir pour des livres, pas des bombes, un refrain que j’ai fréquemment entendu de l’administration de Dalhousie était que « ces investissements sont la seule chose qui permet à l’université de garder la tête hors de l’eau ». C’était déjà révélateur de la banqueroute du système – incapable de financer l’éducation sans crimes de guerre. Mais en plus, cela n’est même plus suffisant!
L’Université Dalhousie a publié son budget opérationnel final pour l’année prochaine, qui présente un déficit de 20 millions de dollars. Après avoir exploité les étudiants (en particulier les étudiants étrangers) pendant des années, Dalhousie enregistre une baisse des taux d’inscription. Et comme le financement public est épuisé depuis longtemps, l’administration exige maintenant des coupes. Toutes les facultés doivent en effet réduire leur budget de 5% en un an seulement, et les ressources précédemment fournies par l’université doivent désormais être comptabilisées à l’interne. Cela se traduira par une forte dégradation des conditions de travail et de la qualité de l’enseignement. Comme l’a indiqué l’Association des professeurs de Dalhousie, « tout l’excédent qui existait peut-être il y a 20 ans a disparu depuis longtemps. On ne peut plus économiser en coupant dans les agrafeuses et les photocopieuses. On est rendus au personnel. »
Les pressions auxquelles Dalhousie est confrontée sont les mêmes partout à travers le pays. L’éducation supérieure se cannibalise. Pour toute une génération, les études postsecondaires sont hors de portée. Et même si ce n’était pas le cas, à quoi sert un diplôme dans une économie qui s’enfonce dans la crise? Malheureusement pour la classe dirigeante, les jeunes d’aujourd’hui sont encore curieux. S’ils ne trouvent pas d’éducation sur les campus, ils en trouveront ailleurs. Chaque jour, je rencontre des jeunes qui ne trouvent pas d’explication à leur vie dans des manuels obsolètes, mais dans les paroles vivantes de Marx et de Lénine.